Situé au centre de Bali sur les flancs d’un volcan, le village de Sebatu (1.800 habitants) a connu une fortune particulière. C’est à partir de 1969 que les musiciens de Sebatu, à l’époque isolés dans la montagne, ont été remarqués pour leur style très poétique, à la fois virtuose et d’une singulière délicatesse. Depuis déjà 5 décennies les tournées européennes ont fait la renommée de Sebatu, en particulier en France et notamment dans des contextes prestigieux tels que le Palais Garnier ou, sur invitation de Pierre Boulez, le festival d’Aix-en-Provence.
Jaya Semara Wati, la troupe des jeunes du village montagnard de Sebatu, succède avec brio à son aînée Carmanwati déjà connue par de nombreuses tournées en France. Comme la plupart des troupes coutumières balinaises, Jaya Semara Wati ne compte aucun artiste professionnel, car musique, danse et théâtre sont avant tout des devoirs citoyens exercés lors des innombrables et somptueux rituels hindou-balinais. Sur les 40 membres de cette tournée, dont quelques anciens en renfort ayant déjà joué en France, la troupe compte 67% d’agriculteurs, 18% de commerçants et 5% d’artisans sculpteurs, les 10% restants vivant du domaine touristique.
Le spectacle de la troupe Jaya Semara Wati de Sebatu est représentatif du riche éventail des styles balinais dû à leurs différentes origines et fonctions : les danses collectives rituelles, propres à chaque village; leur évolution en chorégraphies virtuoses pour solistes aguerris; le Kebyar, révolution musicale et chorégraphique (à partir de 1915) ; les traditions aristocratiques de ballet narratif et théâtre dansé tirées de la littérature indienne et hindoue-javanaise, en particulier celles, tantriques, des masques sacrés associés au cimetière et à la jungle. Conçu en 2 parties, le spectacle présente d’abord des fleurons de la musique et de la danse balinaise, puis une forme narrative inédite de spectacle total, en 7 courts épisodes articulant des traditions savantes de musique, de danse, de masques, d’arts vocaux et de choeur chorégraphié. Le spectacle de Jaya Semara Wati présente, toujours avec gamelan, un même équilibre de pièces de pure musique et pure danse et de traditions dramatiques dansées, masquées et vocales. A l’Exposition Coloniale à Vincennes en 1931, le spectacle balinais a tant impressionné Antonin Artaud qu’il lui a inspiré son plus célèbre ouvrage, Le théâtre et son double.
L’Indonésie est riche d’au moins une centaine de catégories d’ensembles instrumentaux nommés gamelan, à l’origine (et encore majoritairement) à percussion de métal et/ou de bambou. Leur dénominateur commun est un concept, « l’instrument collectif », en tous points inverse de celui de l’orchestre réunissant des instruments individuels. L’instrument est le gamelan entier, comme si un piano était joué par des dizaines de musiciens armés de marteaux. Cette entité est indissoluble car chaque gamelan a son propre accordage, « sa propre voix ». Dans le style balinais, les musiciens se partagent les notes pour tresser les lignes mélodiques à des tempi vertigineux. Ces spécificités sont représentatives d’une société où le collectif est premier et l’ego l’ennemi numéro un.
Inédite dans sa forme, mais constituée uniquement de traditions classiques combinées (comme aiment à le faire les Balinais), la 2de partie du spectacle sera la découverte esthétique de procédés de d'harmonisation et de purification réellement employés par les Balinais dans les rituels, la méditation et leur théâtre tantrique - Tantra ou tantrisme est un terme générique pour les traités ésotériques et pratiques de la science hindoue-bouddhique répandue dans une vaste Asie autrefois plus ou moins fortement indianisée.
Débutant par une pièce musicale jouée sur un magnifique gamelan semar pegulingan, que l’on a très rarement l’occasion d’entendre, la deuxième partie fait ensuite jaillir sur scène le legon kraton (ballet royal narratif), étourdissant sommet de la danse classique balinais, puis une forme narrative inédite de spectacle total en 7 courts épisodes, articulant des traditions savantes de musique, de danse, de masques, d’arts vocaux et de chœur chorégraphié.
Cette fois, pour approcher cette dimension au cours des 7 épisodes de la 2de partie, les spectateurs bénéficieront de traductions de paroles et d'explications de l'action dans un surtitrage ainsi que d'une création d'éclairages accentuant les changements de lieux et d'atmosphère, les évènements et la symbolique. La musique de scène, traditionnellement très répétitive, a aussi été enrichie de contrastes. Loin des adaptations « touristiques », ce spectacle permet de découvrir, avec le sens qu'il porte, un art vocal éminemment esthétique, extrêmement stylisé, en langues anciennes littéraires, déclamé ou chanté selon diverses métriques et divers styles. Outre sa belle voix chantée, le narrateur Jro Kartu possède aussi le plus grand éventail de voix parlées, pour tous les types de personnages, étant un prêtre-marionnettiste (mangku-dalang) dont l’appareil vocal, comme celui de tous les « maîtres du Verbe » balinais, est un microcosme, « cosmisé » par des rites tantriques secrets.
Les concepts d'une, de deux et de plusieurs dimensions forment une règle. Dans cette création, le chorégraphe a exploré les changements du corps, de l'espace et du temps pour former un ensemble chaotique. Des concepts rigoureux et ouverts sont déclinés dans la chorégraphie pour répondre aux différents états du présent concret et impermanent.
OUVERTURE INSTRUMENTALE AU GAMELAN
[25 musiciens]
LEGONG KRATON
"Lasem", ballet royal narratif/
3danseurs
Episode 1 :
"Le roi et sa captive"
Episode 2 :
"L'oiseau de mauvais augure"
SUITE NARRATIVE :
" L'épreuve de la jungle"
Episode 3 :
Danse masquée desfaunes jauk, contre le roi/
4 danseurs, 1 danseuse
Episode 4 :
Danse masquée du barong ket,
"la bête", contre le roi/
2danseurs sous le masque
et 3 Jauk
Episode 5 :
Duel de masques, couple de barong et rangda,"la veuve" /
3 danseurs
Episode 6 :
Duo vocal
chanteuse-narrateur et invasion des bhuta-kala
Episode 7 :
Chœur chorégraphié
kecak des bhuta-kala/
25 choristes, narrateur, chanteuse, masques barong et rangda
ENTRACTE.
OUVERTURE INSTRUMENTALE AU GAMELAN /
25 musiciens
KEBYAR DUDUK /
1 danseur
NANDIR /
6 danseuses
BARIS TUNGGAL /
1 danseur
TARUNa JAYA /
1 danseuse
« On comprend mieux… On comprend mieux, en quittant ce samedi soir la Philharmonie de Paris, pourquoi tant de compositeurs, de Debussy à Steve Reich en passant par Britten ou Messiaen, ont été fascinés et inspirés par le gamelan. Clou d’un week-end consacré à l’Indonésie, le grand spectacle « danses et ballet masqué de Bali », présenté par la troupe Jaya Semara Wati du village de Sebatu, montre la quintessence d’un art qui, pour être traditionnel, n’en résonne pas moins à nos oreilles avec d’étranges saveurs de modernité. »
Emmanuel Dupuy
DIAPASON -
Le programme est composé
DE DEUX PARTIES et comporte un entracte
1 ère partie
Musiques, danses ET ballet narratif avec masques
programme
2ème partie
SEPTEMbre
BIENTôt en ligne
DATES à venir
OCTOBre
bientôt en ligne
NOVEMBre
fevrier
janvier
decembre
DATES à venir
DLB
DANCE